Le screening des embryons pour améliorer le taux de succés en fiv

Tout va se jouer dans les mois qui viennent, au moment où se déroulent les auditions pour la révision de la loi de bioéthique. La technique PGS (Preimplantation Genetic Screening) autorisée à l’étranger, sera-t-elle autorisée en France ?

Car on sait aujourd’hui comment augmenter les taux de réussite en FIV.

L’analyse chromosomique et génétique des embryons avant l’implantation augmente très sensiblement les chances de succès lorsque l’on sait qu’une majorité de ces embryons obtenus en FIV sont anormaux. La technique PGS autorisée depuis longtemps à l’étranger, a montré toute son efficacité.


Depuis plusieurs années, sont publiés des travaux mettant en évidence la faisabilité et l’efficacité d’analyses génétiques et chromosomiques des embryons destinés à être réimplantés dans le cadre d’une FIV. De nouvelles procédures sont notamment testées, telle la recherche des anomalies chromosomiques par hybridation génomique comparative (CGH). Au-delà de la spécificité de chaque technique, les études semblent confirmer qu’une analyse génétique préalable à l’implantation permet d’améliorer le taux de succès des FIV, grâce à l’exclusion d’embryons présentant un risque de fausse couche accru.


En France, cependant, de telles recherches avant implantation sont interdites, sauf dans le cas extrêmement précis du diagnostic pré-implantatoire (DPI). Ici, seul le gène responsable d’une maladie grave, présent chez l’un des deux parents, est recherché pour être écarté. Aucune autre anomalie grave et/ou létale n’est l’objet de détection. Le même scénario est respecté en cas de Fécondation in Vitro (FIV). Pour contourner cette interdiction, les équipes françaises utilisent d’autres techniques. Certaines peuvent ainsi avoir recours à un Embryoscope pour réaliser un suivi quasi continu de la croissance de l’embryon. Cette méthode permet en effet de repérer ceux qui n’ont pas d’anomalies chromosomiques et peut être aussi efficace que la recherche biomoléculaire. Cependant, la technique est coûteuse et n’est pas à la portée de l’ensemble des équipes de FIV.


Absurdité


Aussi, un nombre croissant de spécialistes plaident pour que l’analyse chromosomique et génétique des embryons avant implantation soit autorisée, par exemple à l’occasion de la révision des lois de bioéthique prévue pour fin 2018). Le professeur René Frydman est le fer de lance de cette mobilisation. Depuis plus d’un an, il multiplie les interventions pour faire bouger les lignes. Dans un appel lancé au printemps dernier concernant l’assistance médicale à la procréation, le sujet avait ainsi été abordé parmi d’autres. L’absence de dépistage avait été dénoncée comme une profonde absurdité. On interdit en effet aux couples la réalisation d’un dépistage, pourtant parfaitement autorisé quelques semaines plus tard, une fois la grossesse débutée.


Des avantages multiples


La communauté scientifique appelle à mettre fin à cette situation paradoxale et insiste sur les avantages d’une telle mesure. Toutes les données démontrent que les nouveau-nés soumis à de tels prélèvements de cellules embryonnaires précoces sont viables et normaux. Le fait d’autoriser le diagnostic préimplantatoire des facteurs génétiques ou métaboliques pour une population à risque permettrait de réduire le délai nécessaire pour obtenir une naissance viable, d’abaisser l’incidence des fausses couches, de réduire le nombre de grossesses multiples, de diminuer le nombre de transferts d’embryons non viables, d’éviter la congélation d’embryons anormaux, donc de limiter les embryons surnuméraires, et, enfin, de diagnostiquer des patients n’ayant aucune chance de réussite lors d’une PMA, en vue de leur conseiller d’arrêter des tentatives inutiles. Elle éviterait des prises en charge coûteuses pour la Sécurité sociale. Aussi les praticiens de la FIV plaident pour qu’une telle évolution puisse être actée.


Affaire à suivre …