En Septembre 2014, le premier bébé issu d’une greffe d’utérus a vu le jour en Suède. Cette nouvelle a suscité l’espoir chez tous les couples qui ne peuvent pas procréer à cause d’une infertilité utérine. Trois ans plus tard, le succès se confirme avec 38 transplantations réalisées, huit bébés nés et l’accroissement des équipes médicales qui s’y consacrent. Tour d’horizon.

Des résultats prometteurs

Une femme peut perdre son utérus pour de nombreuses raisons : cancer, accouchement hémorragique, syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser… Pour les femmestouchées par cette fatalité, le rêve de devenir ou redevenir mère s’estompe, du moins jusqu’à ce qu’en 2014, le premier bébé issu d’une greffe d’utérus soit né en Suède. Depuis, l’espoir renaît. En effet, il est devenu possible pour une femme sans utérus de donner naissance à un bébé en bénéficiant d’une transplantation utérine.

Les prouesses de cette révolution médicale se confirment aujourd’hui grâce aux 38 greffes utérines réalisées à travers le monde en l’espace de trois ans seulement. Huit d’entre ellesont donné naissance à un bébé. Une patiente a même donné naissance à deux enfants. D’après le Pr Tristan Gauthier, l’un des pionniers de cette technique en France qui travaille au CHU de Limoges, les résultats sont tout à fait prometteurs. Si les gens les prenaient pour des fous au début de l’aventure, en 2010, ce n’est plus le cas dorénavant. 200 couples les ont déjà contactés pourbénéficier d’une greffe d’utérus. Selon la Société internationale de greffe utérine (ISUTx) qui a tenu son premier congrès en Suède en septembre dernier, cette technique pourrait répondre aux besoins de 200 000 femmes.

Oui, mais il y a aussi les risques …

Bien que cette technique soit porteuse d’espoir, il ne faut pas oublier qu’on est encore en pleine phase expérimentale et que les risques sont élevés. Un greffon sur quatre doit être explanté à cause d’une infection ou d’une thrombose. A l’instar de n’importe quelle greffe, les risques d’hémorragie et de thrombose existent bel et bien. Malgré ceci, aucun décès n’a encore été rapporté que ce soit chez les donneuses ou chez les greffées. Il existe un dernier point à améliorer : la durée du processus. Il faut entre 10h et 13h pour prélever le greffon. C’est une opération longue et délicate. Du côté des receveuses, celles-ci doivent se préparer à recevoir un traitement immunosuppresseur lourd. Pour limiter les risques de cancer dus aux immunosuppresseurs, le greffon doit être retiré après le projet de grossesse.

Des donneuses vivantes ou décédées ?

Sur les 38 greffes réalisées, 28 greffons proviennent de donneuses vivantes. Le reste vient de femmes décédées âgées de 18 à 50 ans. Jusqu’ici, seules les transplantations issues de dons vivants ont permis de concevoir un bébé. Mais, ce chiffre ne suffit pas pour dire si la greffe utérine à partir d’une donneuse vivante est plus efficace que celle provenant d’une défunte. Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà conclure qu’il s’agit là d’une technique prometteuse qui peut être envisagée dans le futur comme un traitement de l’infertilité.